Texte et photographies : André Beaurain
A la rencontre des grandes migrations d’automne 2018
Cela fait longtemps que je cherchais à réaliser ce voyage qu’avaient fait des vidéastes dans les années 60 ; voir en particulier les Anatinés arctiques se diriger vers leurs quartiers d’hiver.
La préparation a été réalisée à partir de certains ouvrages de base ( qui se sont révélés inexacts pour la plupart ) et à partir d’Internet qui m’a permis d’avoir quelques contacts ( avec les représentants des associations ornithologiques locales ) ou de consulter des trip reports ( hélas souvent relatifs aux migrations de Printemps ).
La plus grande incertitude était d’avoir des conditions atmosphériques propices à ces migrations ( nous verrons que cela a été le limitant principal ). Mon plan était de me diriger aussi vite que possible vers la Baltique, et de remonter de proche en proche jusqu’à trouver les passages.
Ceci m’a amené à parcourir 9200 km en voiture aller et retour à partir de France .
Vers Zingst, premières rencontres mais avec les Grues Cendrées en stationnement, temps chaud 20 degrés ( au lieu des 0 à 5 degrés espérés à cette époque ) et ensoleillé .
Remontant vers Gdansk, même conditions et aucun passage, que ce soit dans les lagunes ( 24 degrés à Leba ) ou sur les deux Isthmes , pas un seul oiseau…
Contournement de Kaliningrad pour éviter les démarches de customs clearances longues et incertaines, traversée rapide de la Lituanie à l’aller sachant que les conditions ne changeaient guère, puis arrivée au dessus de Riga en Lettonie où normalement. Encore des grues profitant de pompes thermiques pour passer le détroit, venant de l’ile de Saaremma. Quelques bécasseaux, un pygargue mais aussi des vols d’Anatidae.
Le temps étant toujours chaud, direction l’Estonie, et particulièrement un coin tout près de la frontière Russe réputé pour ses passages de millions de passereaux à cette période de l’année…pas de passereaux ( yc dans les stations ornithologiques ) malgré un temps idéal pour eux : ensoleillé, sans vent.
Mais voici les premières Macreuses brunes décidées à rester sur place sur ce passage étroit ( moins d’un km entre la Russie et l’Estonie, un bras à traverser).
Passé plusieurs jours sans succès, un dernier regard sur la Russie.
Et départ au Nord de l’Estonie, notamment dans la région de Lahemaa, où là le spectacle commence enfin, après 11 jours de voyage et recherches quasi infructueuses. Les Pygargues sont de la partie, ainsi que les Bernaches nonettes et les Bernaches cravant.
Quelques jours de pluie et tempêtes annoncent enfin de bonnes nouvelles avec l’arrivée des Fuligules, des Canards siffleurs, des Harles huppés et des Macreuses brunes et noires.
Parfois, des bandes de 50 à 80 individus se doublaient.
Les Garrots à Œil d’Or étaient aussi en migrations, ainsi qu’un Plongeon artique et à nouveau les Bernaches nonettes.
J’espérais revoir ces oiseaux un peu plus à l’Ouest, notamment lors de la traversée puis sur les côtes de l’Île de Saaremaa, mais pas de traces des Hareldes ni des Macreuses, ces oiseaux vivant habituellement en haute mer sauf lors de la nidification et des très grands froids ( qui n’étaient toujours pas là ) ….
En revanche, je vis les Cygnes chanteurs.
Le vent est soutenu, alors les Mésanges à Longue Queue essaient de reprendre leur Migration puis renoncent car dès qu’elle décollent, elles font du vol stationnaire, alors elles se reposent et se nourrissent à nouveau en attendant un jour plus calme.
Puis départ vers l’Isthme et le Delta du Niémen. ….A cette époque il y aurait dû y avoir beaucoup d’Anatidés, mais ce ne fut pas le cas : quelques Pygagues, quelques Colverts, quelques Aigrettes, quelques Oies rieuses puis cendrées dans le delta.
Le lendemain, le temps est ensoleillé et sans vent, je suis parti sur le grand isthme qui commence en Lituanie sur 50 km pour continuer côté Kaliningrad, et à la frontière, un nouveau grand moment s’est produit ; les conditions étaient réunies pour que les Passereaux longent la Baltique au niveau de cette fine côte.
Pigeons ramiers par groupes en grand nombre, Mésanges, une multitude de passereaux, passant par petits groupes, suivis par quelques Rapaces, dont le Milan royal.
Et ensuite ?…Désolant, aucune nouvelle perspective de voir la migration dans son prolongement compte tenu du temps trop chaud ( Rien au niveau des deux Isthmes vers Gdansk ). Alors retour en France. J’avais prévu de retourner un mois plus tard, lorsque le froid serait venu, mais des contraintes incontournables m’ont fait reporter ce projet.