Gérer le poids du matériel

Texte et photographies : Fabrice et Laurence Desage

Retour

La photographie des oiseaux en vol nécessite souvent de longues focales, et on comprend donc facilement que le poids du matériel puisse constituer un problème. (D’autant plus qu’on parle de photos principalement faites à main levée.)
Et dans le propos, il faut dire d’entrée que le problème n’est pas vraiment lié à la force dans les bras. Pour preuve, ceux qui nous connaissent peuvent confirmer que nous sommes des petits gabarits de 1m62… !! Pas plus forts que d’autres !!
Il apparait donc qu’une force « humainement normale » fera l’affaire pour manier un télé de type 4/500mm. (Comprenez qu’elle vous permettra de manier votre matériel à main levée, mais ne vous dispensera pas d’avoir mal aux bras, aux épaules, ou au dos à un moment…), en considérant cependant, qu’en vieillissant, on aura tous un peu plus de difficultés que pendant la pleine jeunesse…
Naturellement, il y a un moment ou les bras commenceront aussi à tétaniser, et c’est parfaitement normal…
Lors de la prise de vue à main levée, un paramètre nous semble plus important : C’est le placement des mains sur l’objectif, qui va déterminer ainsi l’équilibre que vous donnerez à l’ensemble boitier+ télé.
Et pour illustrer cela, voilà les postures à privilégier, ou à éviter, à notre sens.

Exemple 1 :
On voit ici le photographe soutenir l’ensemble par le collier de pied. Et oui, il est tellement imposant ce collier, que très souvent, lorsqu’on touche un 4/500 pour la première fois, on s’imagine aussitôt que cette poignée va faire merveille pour tenir le matériel à main levée… !
Et pourtant, force est de constater que cette posture n’est pas idéale du tout, pour plusieurs raisons :
1) L’équilibre n’est pas très bon, du fait que le support (votre main) soit vers l’arrière, ça dégage un porte-à-faux long et lourd vers l’avant.
2) Les mouvements verticaux, tant en levant qu’en baissant le télé, pour suivre une trajectoire de vol sont assez éprouvants, à la longue.
3) La stabilité s’en ressent rapidement.
4) Le suivi va se faire principalement avec une rotation du bassin, et les bras presque collés au corps, ne vont quasiment pas participer au suivi du sujet…résultat, on est trop lent, hormis à la limite, pour des oiseaux à vol lent (grands rapaces, hérons…).
REMARQUE : Une exception à signaler, lors de notre essai du 4/600VR Nikon à Montier, nous avons constaté que l’équilibre à main levée se faisait…Au niveau du collier de pied… !
Pour la bonne raison que pour cette optique, celui-ci est placé plus en avant de l’objectif.

Placement déconseillé

Placement déconseillé

A déconseiller, sauf dans les westerns

A déconseiller sauf dans les westerns

Exemple 2 : Soyons sérieux !
Bien entendu, cette position ne peut pas convenir, à part dans les westerns…
Le poids du matériel ne vous permettra déjà pas de mettre rapidement en visée, et le suivi sera quasi impossible…On est dans le folklore…
Avec des télés plus légers, à la limite, mais ne pensez pas gagner en stabilité réellement…
Aller, c’était l’exemple pour sourire un peu…

Exemple 3 : Mais alors, comment on les place les mains ?
Cette posture nous semble, depuis des années, la plus indiquée.
On constatera entre autre, que la main gauche se positionne à l’avant de l’objectif, juste derrière le pare-soleil en fait. Les avantages sont :
1) équilibre de l’ensemble très bon, grâce aux masses bien réparties (pas de porte-à-faux)
2) fluidité des mouvements horizontaux comme verticaux
3) Lors du suivi, les bras accompagnent facilement le sujet, en complément de la rotation du bassin,(et bien plus rapidement que le bassin aussi !)
REMARQUE : Bien entendu, cette position n’empêchera pas d’avoir au bout d’un moment, les bras qui vont commencer à trembler, et à tétaniser (Un objectif lourd reste lourd quelle que soit le mode opératoire…) mais elle permettra au moins d’avoir un suivi assez fluide, grâce à l’équilibre de l’ensemble.
Le placement de la main gauche sur le dernier tiers de l’objectif, convient pour tous les super-télés, du 300 au 800 mm.

Placement des mains

Placement des mains

Et pour les objectifs plus légers ?
Tout le monde n’a pas les moyens, ou même l’envie de saigner son budget pour un super-télé lumineux, à prix astronomique.
Heureusement, les objectifs plus abordables que sont les zooms de type 70-200, 100-400, ou les téléobjectifs 4/300 ou 5.6/400 sont également très efficaces pour photographier les oiseaux en vol.
Là encore, un bon placement des bras facilitera le suivi des oiseaux.
L’idéal pour la stabilité et le suivi semble être en plaçant sa main gauche dans le dernier tiers de l’objectif, (la partie juste avant le pare-soleil en général.) Comme avant les télés plus lourds.
Cependant, un mauvais placement des mains avec ces optiques est moins pénalisant.
Le suivi des oiseaux avec ces objectifs plus légers présente de multiples avantages par rapport au télés lourds :
1) Fluidité et rapidité des mouvements, permettant de suivre des oiseaux rapides (hirondelles par exemple), là où l’inertie des gros télés peut constituer un problème.
2) Poids très supportable, qui permet d’éviter la fatigue ou la tétanie des bras.
3) Moins de douleurs au dos après une séance longue…

Position pour le transport :
Là encore, le conseil s’applique surtout pour les très gros télés, puisque les télés légers se portent facilement sans fatigue.
On utilise cette fois le collier de pied (ah ! lui voila une utilité ! ) ce qui permettra en cas d’apparition soudaine d’un oiseau en vol, de vite porter le matériel à l’œil, en positionnant rapidement la main gauche à l’avant.
Le transport par la main droite, permet évidemment d’économiser les force pour le bras gauche, qui va bientôt travailler…
Lors de longs déplacements, on sera pourtant amenés à changer de main, parce que le bras droit fatiguera. Dans ce cas, bien sûr, on gère pour porter à gauche le moins longtemps possible…dés que le bras droit a récupéré un peu, il reprend le matos !

Tenir le matériel en position de transport

Tenir le matériel en position de transport

Position d’attente d’un oiseau :
Dans certaines situations, on peut être amené à attendre quelques minutes, qu’un oiseau se présente, notamment par exemple, lorsque vous attendez le retour d’un oiseau sur un perchoir habituel, ou le vol nuptial d’un pipit, qui pour l’instant, est sur sa branche…
Vous savez ainsi que l’oiseau va se présenter en vol dans les instants qui suivent. Il faut être prêt.
Dans ce cas, pour éviter de trop fatiguer le bras gauche, qui accompagnera le suivi, on incline le matériel vers le bas. Ainsi le boitier repose sur la main droite, qui soutient l’ensemble, alors que le bras gauche supporte bien moins de poids, avant l’effort…
Dans le cas où un oiseau que vous attendez se pose longuement, il est important de poser le matériel pendant ce temps et de faire des petits étirements pour retrouver un peu de forces.
Le poids du matériel n’est donc pas rédhibitoire, même s’il constituera une gène à la longue.
Des séances de musculation ne sont nullement indispensables, même si on peut imaginer qu’elles ne feront pas de mal de toutes façons.
Trouver l’équilibre du matos et s’économiser entre chaque série de déclenchements permet de faire durer la séance.
Voila ce qu’on pouvait dire sur le maniement du matériel.
IMPORTANT: L’analyse a été faite avec le téléobjectif 4/500 IS Canon.
mais elle peut se rapporter aux autres matériels, sans qu’il soit possible pour nous d’aborder toutes les spécificités possibles, d’abord parce que nous ne les connaissons pas toutes !
Pour les télés plus légers, mais excellents que sont les 4/300 et les 5.6/400, tout ce qui a été dit est applicable, avec bien plus de facilités, ce qui est une bonne nouvelle !!
Les téléobjectifs plus puissants que sont les 4/600 et 5.6/800 sont également utilisables à main levée, mais leur inertie les réserve plutôt à des oiseaux assez gros, surtout le 600 mm (version 1 pour l’instant, sûrement mieux avec la nouvelle version qui arrive).
Le 800mm reste relativement léger pour la focale et l’ouverture.
Il nous a permis de photographier un étourneau en vol à Montier-en-Der, ce qui confirme une maniabilité extraordinaire pour une telle focale !
Voila, on ne développera pas davantage sur le maniement.
On espère que ces conseils pourront aider ceux qui veulent se lancer sur le sujet de façon plus régulière.

 

Position d'attente

Position d’attente