Le Loup d’Abyssinie – Canis simensis

Texte : Valérie Bruneau-Querey – Photographies : Loïc de la Rancheraye

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Il existe deux espèces de loup en Afrique : le Loup doré ( Canis anthus ) et le Loup d’Abyssinie ( Canis simensis ). Mais ce dernier beaucoup plus rare (classé en liste rouge IUCN ) est uniquement observé dans une région précise de l’Afrique : en Ethiopie. L’effectif global actuel regroupant les différents noyaux de populations ( moins de 50 loups par noyau ), serait d’environ  500 individus, avec une plus forte densité dans les hauts plateaux éthiopiens (>3000m) : montagnes du Simien et montagnes du Balé. Dans ces deux territoires de plusieurs milliers de km², deux parcs nationaux ont été crées. En 1969, c’est le Parc National des montagnes du Simien qui a vu le jour, puis en  1970 , le Parc National des montagnes du Balé qui  regroupe la majorité de la population de cette espèce : environ  la moitié des individus.

Ce canidé a des allures de renard haut sur pattes, avec malgré tout un museau plus allongé, adaptation au fil des siècles lui permettant de fouiller dans les terriers et capturer ses proies.

C’est un animal qui s’est très bien adapté aux altitudes élevées (3000 à 4100m).

Le Loup d’Abyssinie pour se développer et assurer la survie des ses populations, est très dépendant de certaines espèces. Sa proie favorite étant le Rat-Taupe géant d’Ethiopie (Tachyoryctes macrocephalus) endémique aussi et qui représente  90% de son alimentation.

De plus petits mammifères type souris, musaraignes, peuvent aussi servir de nourriture, le tout étant assez abondant sur ces hauts plateaux éthiopiens.  Ce loup a  une activité diurne et chasse en général seul.

L’organisation de la meute pouvant atteindre 20 loups, mais dans la majorité des cas , c’est un groupe hiérarchique d’environ 6 loups qui se constitue, d’assez jeunes loups avec quelques femelles, évoluant sur un petit territoire.

La période de reproduction se situe entre août et novembre, une cavité creusée dans le sol ou sous un rocher, tient lieu d’abri pour les petits. La gestation dure entre 60 à 62 jours, avec des portées pouvant atteindre 2 à 6 louveteaux. La mâturité sexuelle est atteinte à l’âge de deux ans. Il existe une grande solidarité. C’est la femelle du  couple dominant de la meute qui va s’accoupler pour ensuite mettre bas. Et c’est toute la meute qui aidera à nourrir les louveteaux pendant une certaine période (régurgitation de viande) et assurera leur protection.

A travers les dernières décennies, cette magnifique espèce a bien failli disparaître. En effet divers facteurs  ont fait baisser les effectifs de cette population. La plus terrible a été notamment dans les années 90, une grande épidémie de rage transmise par les chiens domestiques des éleveurs partageant le même territoire.

Par ailleurs, un recul du territoire de vie du Loup d’Abyssinie , avec emprise de l’Homme ( 60% des terres en dessous de 3200m ont été consacrées à l’agriculture ), les empoisonnements volontaires, les hybridations avec les chiens domestiques compromettant alors le capital génétique de l’espèce , sont autant de facteurs qui contribuent à son extinction.

Il existe plusieurs associations de défense qui ont fort heureusement bien oeuvré  pour le maintien des populations locales du Loup d’Abyssinie, et parfois en partenariat avec le gouvernement éthiopien.

On peut citer l’EWCP qui participe à de grandes campagnes de vaccinations antirabiques gratuites  sur les chiens domestiques, des loups . Elle participe aussi à la stérilisation des hybrides.

La création des parcs nationaux a contribué aussi à la protection du milieu de vie de ce loup éthiopien et donc à son équilibre.  Maintenant l’écotourisme s’ajoute aux facteurs positifs de préservation . Des campagnes de sensibilisation au niveau de la population éthiopienne ont été judicieusement amorcées. En résumé, cet honorable combat à multiples facettes scientifiques et humaines, ne cesse de continuer pour la survie du Loup d’Abyssinie.