Texte : Pascale Hervieu ; Crédit photographique : Antony Garcia, Jean-Pierre Mériaux, Dominique Martin, Marc Bia, Patrice Guitton, Serge Mathieu, Jean-François Meunier, Jean-Louis Reymonet, Pascale Hervieu.
Grèbe huppé
Dans la famille Grèbes, je suis le huppé. Eliminons tout de suite les choses qui fâchent : mon nom savant est Podiceps cristatus, qui signifie « Pieds au derrière » ou encore « Pieds-à-l’anus ». Ce n’est pas très poétique, j’en conviens, mais c’est vrai ! la nature m’a greffé les pattes tout à l’arrière du corps à la place d’une queue (j’en ai une tellement petite, que cela ne vaut pas la peine de s’attarder là-dessus !).
Mes pieds me servent donc de gouvernail quand je suis en vol et d’hélices quand je suis dans l’eau. Cependant, il ne faut pas rêver, comme ils sont énormes et munis de doigts palmés en forme de trèfle, ils sont tout à fait inconfortables pour marcher sur terre. Je m’arrange donc pour ne jamais y aller !
Cela dit, toute vantardise mise à part, je suis le plus extraordinaire de la famille Grèbes ! Si, si… quand vous aurez lu ce reportage, vous en conviendrez avec moi !
Sachez qu’on pourrait dire de moi que je suis un « sous-marin volant »*
* Comparaison suggérée par La Hulotte N°71 page 9
Techniquement, cela signifie donc que je suis à la fois suffisamment léger pour pouvoir voler mais aussi suffisamment plombé pour pouvoir plonger. Et en ce qui concerne les plongées, croyez-moi, je suis un champion en mon genre puisque je peux atteindre des profondeurs de 30 à 40 mètres. Imaginez l’énergie que cela me demande, moi qui mesure 51 cm et ne pèse que 1 100 grammes tout au plus.
En vol, je ne monte pas très haut mais il peut m’arriver de faire des vols assez longs (entre 1000 et 2000 km), notamment l’hiver quand je suis contraint de quitter mon plan d’eau pour cause de gel.
Alors comment cela est-il possible ?
Tout oiseau normalement constitué pour voler dispose d’un certain nombre de « sacs aériens » qu’il lui suffit de gonfler d’air pour s’alléger et prendre son envol. Il arrive aussi que certains aient des os creux. Prenons l’exemple de la mouette qui est une virtuose en vol, elle flotte remarquablement bien mais elle ne peut pas plonger, elle est beaucoup trop légère sur l’eau. Tout au plus mettra-t-elle la tête sous l’eau après avoir pris son élan.
A l’inverse, tout oiseau conçu pour plonger en grande profondeur comme le Manchot par exemple, est constitué d’ailes courtes qui lui servent de nageoires et d’un squelette solide qui ne doit pas se briser à la résistance de l’eau. Mais à quel prix ? Le Manchot a beau être un oiseau, il est incapable de voler.
Pour ma part, je réalise donc l’exploit de pouvoir à la fois plonger et voler. Cela passe par des adaptations biologiques dont j’ai l’exclusivité.
Vous qui affûtez sur mes plans d’eau, avez-vous remarqué que je peux faire varier ma ligne de flottaison ?
Lorsque je navigue tranquillement celle-ci est très basse (juste au-dessus du haut de mes pattes). Je suis alors haut placé sur l’eau. Il suffit pour cela que je remplisse mon plumage d’air et que je gonfle au maximum tous les sacs aériens qui se trouvent dans mon abdomen. J’ai alors l’allure d’un radeau pneumatique posé sur l’eau, muni d’un long périscope surmonté d’une tête magnifique !
Mais lorsque je suis inquiet (je fuis toujours en plongeant, jamais en volant) ou que je m’apprête à plonger, je ressers mon plumage pour extraire l’air qui y est emprisonné et je vide plus ou moins mes sacs aériens. Ma ligne de flottaison s’élève alors me faisant descendre plus profondément dans l’eau. Une grande partie de mon corps est alors immergée à la façon d’un iceberg. Mon périscope s’en trouve raccourci d’autant (mais ma tête n’en reste pas moins magnifique !). Cela n’a rien à voir avec le hasard car je peux décider de la hauteur de cette ligne de flottaison au centimètre près, en fonction des circonstances.
Une autre de mes qualités est la vitesse d’exécution. Pour réaliser les opérations précédemment décrites et plonger sans aucun remous, je n’ai besoin que d’une demi-seconde. Combien d’entre vous, amis photographes, avez assisté au plongeon de mes semblables ?
Le seul signe avant-coureur est la modification de la hauteur de ma ligne de flottaison que j’élève d’un coup, mais cela va tellement vite que je disparais sans que vous ayez pu appuyer sur le déclencheur de votre appareil. Contrairement au Manchot qui se sert de ses ailes pour nager, moi je protège les miennes (d’une envergure de 59 à 73 cm) en les escamotant dans deux grands sacs situés le long de mes flancs prenant du même coup la forme d’une torpille très allongée. Mes pattes peuvent alors entrer en action.
Sous l’eau elles tournent autour de leur articulation comme des hélices (ou des roues à aube) de telle manière qu’elles propulsent l’eau à l’arrière avec beaucoup de puissance grâce à l’ouverture maximale de mes doigts palmés. Dans le mouvement, lorsque je ramène les pattes vers l’avant, mes doigts palmés se ferment de façon à prendre la forme d’une lame de couteau qui n’offre alors plus de résistance à l’eau. Quand elles passent au-dessus de mon dos elles me propulsent vers le fond de l’eau à la vitesse de 2 mètres par seconde. Je dispose d’une réserve d’air d’environ une minute mais plus généralement je reste entre 15 et 30 secondes sous l’eau. Comprenez vous mieux maintenant pourquoi je ressors souvent à une trentaine de mètres de l’endroit où j’ai plongé ?
Lorsque je ressors, si vous m’avez bien observé, vous avez sûrement remarqué que je me secoue pour chasser les gouttes d’eau emprisonnées par mon plumage et que je baisse le bec vers le bas. Ce dernier mouvement a pour effet de faire sortir l’eau qui est entrée dans mes narines.
Au cours d’une journée, je multiplie les plongées à la recherche de ma pitance. Je ne suis pas sectaire. Tout est bon dans mon plan d’eau : Gardons, Ablettes, Goujons, Perches, Tanches et autres poissons, batraciens et crustacés, y compris ceux munis d’aiguilles comme l’Epinoche (j’ai une tactique pour ne pas me blesser que je vous expliquerai plus tard), à condition qu’ils ne dépassent pas 22 cm de longueur (sauf pour l’anguille qui a un corps plus fin, donc moins difficile à faire passer dans la gorge).
Pour ma subsistance, j’ai besoin de 180 grammes de poissons par jour et autant vous dire que je ne remonte pas victorieux à chaque plongée. Je ne mange pas les poissons sous l’eau, sauf exception lorsqu’ils sont très petits et qu’ils me rentrent directement dans le gosier car je garde le bec ouvert durant les plongées. Ma technique est d’attraper ma proie par le cou en la maintenant perpendiculairement à mon bec et de ressortir la gober à l’air libre en commençant par la tête après lui avoir fait faire un quart de tour.
Il peut arriver, heureusement rarement, que certains ballots aient mal évalué la taille du poisson et ne parviennent pas à l’avaler. Dans le meilleur des cas, ils le recrachent, dans le pire des cas, ils meurent étouffés, victimes d’avoir eu les yeux plus grands que le gosier !
Depuis que je suis protégé un peu partout en Europe, je peux vivre tranquillement sur mon plan d’eau. Ça peut être un étang, une mare, un canal, un lac (où la profondeur est plus grande), un estuaire (en particulier en hiver quand les étendues d’eau sont gelées à l’intérieur des terres), en ville, à la campagne, voire même à la montagne jusqu’à 1 200 mètres d’altitude… en somme, toutes étendues d’eau, à condition qu’il n’y ait pas de courant.
Mon espèce n’est plus menacée aujourd’hui, mais cela ne fût pas toujours le cas ! En effet au début du 19ème siècle mes ancêtres ont été très persécutés. On les accusait de concurrence déloyale aux pêcheurs et ceux-ci organisaient des chasses aux Grèbes.
Ils plongeaient si subitement qu’aucun coup de fusil ne pouvait les atteindre, alors les hommes s’acharnaient à les faire replonger dès qu’ils sortaient la tête de l’eau afin de les épuiser et de les empêcher de reprendre leur souffle. A la longue, mes ancêtres finissaient même par se faire attraper à la main.
Pour leur malheur, tout comme moi, chacun de mes grands-parents portait sur son dos 14 000 plumes qui servaient à confectionner des étoles pour les dames de l’époque. La chance a voulu que la mode des étoles en plumes passe et que le commerce en découlant s’effondre !
Aujourd’hui, on peut donc dire que mon espèce est très courante au point que sur certains plans d’eau on peut même parler de surpopulation qui nous oblige à cohabiter entre nous. Tout promeneur un peu averti aura la chance de m’observer vaquer à mes occupations.
Mes plongées sont suivies d’un temps très important au cours duquel je prends soin de mon plumage. D’abord je me secoue à la manière d’un chien mouillé pour chasser toute l’eau emprisonnée dans mes plumes, puis, à l’aide du bec comme s’il était un pinceau, j’enduis tout mon plumage d’une huile imperméabilisante directement issue de la « glande uropygienne » située près de ma queue. Pour faire l’arrière de la tête, je frotte mon cou directement sur mon dos et pour faire la partie immergée de mon corps je me mets sur le flanc. Aucun endroit n’échappe à ma vigilance !
Dès le mois de février je revêts ma plus belle livrée. Je me coiffe d’une belle huppe noire et mets un joli collier roux bordé de noir qui mettent bien en valeur mes beaux yeux couleur rubis et ma tête triangulaire. Tout cela pour plaire à une jolie « Catelinette » (c’est aussi mon surnom) qui souvent est ma compagne de l’an passé.
Mais croyez-moi, la partie n’est pas gagnée d’avance ! Comme je vous l’ai dit, nous pouvons être nombreux sur un seul plan d’eau et la concurrence est forte. Ensuite, nous sommes des perfectionnistes et avant de choisir notre partenaire, nous déployons des trésors d’énergie pour nous mettre au diapason. Ce n’est qu’à cette seule condition que nous pourrons nous entendre. Cela passe par l’exécution d’une chorégraphie que nous répétons inlassablement jusqu’à la jouer parfaitement dans le même tempo, tout cela accompagné de cris qui ressemblent plus à des croassements qu’à une symphonie de Mozart.
Notre chorégraphie se joue en 4 actes.
– Acte 1 : nous exécutons la « cérémonie de la découverte ». C’est Catelinette qui prend l’initiative après que j’aie lancé mon croassement d’appel. Celle-ci plonge et nage au raz de l’eau dans ma direction en prenant soin de laisser une trainée derrière elle. Elle sort la tête de temps en temps pour s’assurer qu’elle est toujours dans la bonne trajectoire. Pour ma part, j’adopte l’attitude appelée « posture du chat ». Celle-ci consiste à baisser la tête en prenant soin de bien gonfler ma huppe et mon collier, d’ouvrir les ailes et de gonfler les plumes. Arrivée près de moi, Catelinette sort le cou de l’eau en pointant le bec vers le bas et reste immobile pendant un instant. Puis nous reprenons une position normale.
Tout s’est bien passé. Je n’ai pas eu envie de prendre la fuite, nous pouvons donc passer à l’acte 2 de notre chorégraphie.
– Il s’agit de la « cérémonie des secouements de têtes ». Nous nous mettons face à face en étirant nos cous au maximum, collerettes étalées, et nous secouons vivement nos têtes becs ouverts en émettant des cliquetis bruyants, à moins que cela ne soit becs fermés, silencieusement, comme si nous disions NON. C’est notre manière à nous de dire OUI.
Cette étape de la chorégraphie dure plusieurs semaines au cours desquelles nous inversons les rôles pour nous assurer chaque jour de notre engagement mutuel. (Chez nous la parité est totale en toute chose – vous devriez en prendre de la graine !).
Nous en profitons aussi pour parfaire notre synchronisation sans laquelle rien ne serait possible entre nous.
Si par hasard, d’autres couples se trouvent à proximité, alors la contagion les gagne et pour les spectateurs que vous êtes dans vos affûts c’est un moment de grande intensité tellement l’excitation est grande parmi nous. A ce moment seulement, nous pouvons dire que nous sommes réellement en couple. C’est alors que peut commencer l’acte 3 : « La cérémonie de la retraite ».
Alors que nous secouons nos têtes, Catelinette (la prochaine fois ce sera moi) prend la fuite en courant sur l’eau puis se laisse retomber dans la posture du chat. Elle me fait face et j’adopte également la posture du chat en ébouriffant mes plumes. Nous nageons ensuite l’un vers l’autre pour reprendre notre séance de secouements de têtes.
Au bout d’un certain temps, nous sommes tellement à l’unisson que l’on peut dire que nous sommes un couple solide et uni. Il est alors temps de jouer le dernier acte, celui appelé « cérémonie de l’herbe » ou « danse des algues » ou encore « danse des pingouins ».
Celle-ci commence par une séance de secouements de têtes mais elle est entrecoupée par des temps au cours desquels nous faisons mine de nettoyer notre plumage en tirant sur les plumes de notre dos. Nous nous éloignons peu à peu puis dans la même seconde, nous plongeons. Nous remontons chacun avec une touffe d’herbe dans le bec et nageons l’un vers l’autre. A un mètre de distance l’un de l’autre, nous nous dressons subitement à la verticale puis, poitrine contre poitrine nous entamons un pas de danse en balançant en cadence nos têtes de droite à gauche. Nous nous laissons retomber doucement tout en continuant de secouer nos têtes, puis nous finissons par lâcher nos herbes. Notre chorégraphie se termine par des secouements de têtes.
Avec la cérémonie de l’herbe chacun de nous a prouvé à l’autre qu’il est capable de rapporter les matériaux nécessaires à la fabrication du nid. Il est donc temps désormais de trouver l’endroit le mieux situé pour l’édifier ! Et même si les places sont chères, nous défendons vigoureusement le territoire de quelques mètres carrés que nous nous sommes choisi.
Pendant une semaine environ, nous construisons ce nid qui est constitué de tous types de végétaux trouvés au fond de l’eau ou en surface : feuilles, herbe, branchages, végétaux en décomposition…. Ces matériaux étant mouillés en majorité, plus nous les empilons à l’endroit choisi plus ils s’enfoncent dans l’eau. Nous n’avons d’autre solution que de continuer notre empilement jusqu’à ce qu’il se stabilise sur le fond * ou qu’il s’amarre à des branchages ou dans les roseaux. Pour être viable, il faut qu’il dépasse d’environ 10 cm au-dessus du niveau de l’eau, pas plus car nous sommes tellement malhabiles pour nous déplacer au sec que nous aurions les plus grandes difficultés pour monter sur ce monticule.
Le nid terminé, il est temps de nous accoupler !
Nous sommes en avril maintenant. Catelinette est prête à pondre 1 œuf tous les 2 jours pendant les jours à venir* que nous allons couver pendant 28 jours à tour de rôle en nous relayant toutes les 2 heures environ (encore la parité !). Au fil du temps, nos œufs passeront par plusieurs couleurs : D’un blanc presque pur le jour de la ponte jusqu’au roux le jour de l’éclosion en passant par le bleu pâle, le jaune clair et le jaune foncé. Comme les matériaux du nid sont humides, les œufs se teintent peu à peu à leur contact. A aucun moment nous ne laissons nos œufs seuls afin de les protéger des nombreux dangers qui les guettent : le Busard des roseaux, le Goéland et même la Foulque macroule qui, en plus d’essayer de les gober, s’acharne à vouloir démolir notre nid !
Nos efforts sont enfin récompensés et nos Grégillons finissent par naître à intervalles réguliers (tous les 2 jours).
Qu’ils sont beaux nos petits avec leurs têtes de clown et leurs pyjamas rayés tous uniques ! Ainsi, nous les reconnaissons parfaitement. Savez vous que les 3 plaques rouges qu’ils ont sur la tête sont des plaques de peau dont ils font varier l’intensité du rouge grâce à un afflux de sang plus ou moins important et que ces plaques ont pour fonction de nous faire passer des messages ?
Durant les 15 premiers jours mes Grébillons ont la belle vie !
Nous les nourrissons à volonté (et croyez-moi, cela représente une quantité faramineuse de tout petits poissons à rapporter !).
Mais avant de leur offrir leurs premiers vrais repas, nous les obligeons à avaler des plumes que nous extrayons de notre plumage.
Quelle drôle d’idée me direz-vous !
Eh bien non, pas tant que cela ! Souvenez-vous, je vous ai dit tout à l’heure que nous mangions toutes sortes de poissons, y compris ceux qui ont des épines dorsales. Les plumes que nous donnons à nos petits permettent de fabriquer une protection qui tapisse leur estomac et qui les protège des blessures que pourraient occasionner les épines. La surprise passée, ils finissent par en raffoler, ce qui garantit la bonne protection de leur estomac tout au long de leur vie.
Nous renouvelons régulièrement ce tapis de protection après avoir rejeté (comme une pelote de réjection) celui qui est saturé d’épines et d’arêtes.
Les petits passent leur temps sur mon dos ou sur celui de leur mère (toujours à temps égal). En effet, ils ont peur de l’eau, même s’ils sont tout à fait capables de nager, mais ils sont tellement vulnérables (en particulier parce que le Brochet ne demanderait pas mieux que de les gober) qu’il vaut mieux prendre des précautions et attendre qu’ils grandissent un peu pour les mettre au bain.
Mais il arrive le moment où ils commencent à être trop grands (en particulier l’aîné de la famille) et nous nous voyons contraints, pour avoir un peu la paix, de nous ébrouer pour envoyer tout ce petit monde à l’eau, car ces fainéants ont tendance à s’accrocher à nos plumes comme des passagers clandestins.
Arrive le moment aussi, quand nos Grébillons ont trois semaines environ, où Catelinette et moi nous éloignons peu à peu au point que lorsqu’ils ont cinq ou six semaines, nous décidons de divorcer.
Pour la garde des enfants, ce n’est pas compliqué, parité oblige, nous nous partageons les petits. Les deux que j’ai choisis ne veulent plus entendre parler de leur mère et inversement !
Il peut arriver que nous repoussions rudement les petits de notre « ex-conjoint » au point que pour nous calmer, ceux-ci allument les voyants rouges de leur tête*.
* Zone de peau qui se gorge de sang selon les circonstances. Ceci est un mode de communication entre le jeune et les adultes.
Le divorce n’est pas nécessairement une calamité. En effet, la séparation de la famille et l’éloignement dans des lieux différents du plan d’eau assurent un meilleur ravitaillement des petits en poissons.
Arrive maintenant un moment délicat de notre histoire où vous allez forcément penser que nous sommes des parents indignes ! Admettons que cela soit vrai puisque chacun de nous s’entiche d’un des petits dont nous avons la charge au détriment de l’autre Grébillon.
Ainsi « mon favori » est-il toujours systématiquement nourri jusqu’à plus faim, tandis que « l’exclu » n’est nourri qu’à partir du moment où son frère (ou sa sœur) est rassasié.
Le drame survient lorsque le plan d’eau n’est pas suffisamment poissonneux. Dans ce cas je ne nourris plus « l’exclu » que je finis même par chasser vertement car sous le coup de la faim, il tente de chaparder le poisson à « mon favori ». C’est intolérable !
Je deviens alors tellement belliqueux que ce voleur finit par avoir peur de moi et prend la poudre d’escampette. Bon débarras !
Avant d’appeler le numéro vert des « Grébillons maltraités », sachez cependant que les années de disette (heureusement pas trop nombreuses), notre comportement a pour effet de sauvegarder notre espèce. Quel serait l’avantage de voir mourir tous les petits pour cause de malnutrition ?
Au moins Catelinette et moi-même menons à terme, en toutes circonstances, l’élevage d’au moins un petit chacun.
Alors sommes-nous toujours aussi indignes ?
Références bibliographiques :
La Hulotte (Revue la plus lue dans les terriers) N° 71 et 72
La Salamandre N° 244
Le guide ornitho – Delachaux et Nestlé ; L. Svensson, K. Mullarnet, D. Zetterström
Références sitographiques :
https://www.oiseaux.net/oiseaux/grebe.huppe.html
Film à découvrir :