Hermine – Mustela erminea
Crédit photo : Franck Lesueur
Joueuse, vive, chasseuse, curieuse, l’Hermine est un mustélidé qui gagne à être connu ! Sa répartition géographique occupe une zone étendue dans tout l’hémisphère nord de la planète très au nord du Tropic du Cancer, jusqu’au cercle polaire. Plus proche de nous, on la trouve partout en France sauf sur le pourtour méditerranéen. En montagne : Alpes, Pyrénées, Vosges, Jura, Massif central, où elle est bien présente jusqu’à 3000 mètres d’altitude, son biotope est constitué de forêts de faible densité à proximité de zones marécageuses, de lacs sauvages, de ruisseaux et de bocages. Elle installe son gîte dans des amas rocheux proches de prairies alpines culminant au-dessus de la cime des arbres environnants.
L’Hermine n’aime ni les forêts denses ni les étendues cultivées dépourvues de haies. Elle ne dédaigne pas non plus s’installer à proximité des habitations rurales.
Le territoire d’un mâle est 3 à 4 fois plus grand que celui d’une femelle et recouvre souvent celui de plusieurs femelles. L’Hermine le délimite par des marquages olfactifs et le défend de toute intrusion d’un concurrent. Au-delà de son territoire, s’étend son domaine vital, beaucoup plus vaste qui, lui, n’est pas défendu, sur lequel chasse l’Hermine. Plus l’individu est âgé, plus ce domaine vital est grand (de 8 à 40 ha pour un mâle – 1 à 7 ha pour une femelle)
L’Hermine affectionne les milieux semi-ouverts où elle « serpente » silencieusement parmi les herbes, ventre au sol, en longeant une rigole, une haie, un talus, un mur, une lisière… se redressant tout à coup en position de « chandelle » pour appréhender ce qu’il se passe autour d’elle. D’instinct, elle explore tunnels, trous, tuyaux, drainages… ce qui, malheureusement, facilite son piégeage.
On s’en doute, ses déplacements sont commandés par la recherche de proies pour se nourrir. En été, elle est strictement diurne. Active pendant une dizaine d’heures par jour elle alterne temps de chasse (de 10 à 45 minutes) et temps de repos (de 8 à 11 h et de 17 à 20 h principalement).
En hiver, elle limite son activité à 1 heure le jour et devient essentiellement nocturne. Elle passe la majorité de son temps dans une galerie de campagnols sous la couche de neige. Lorsque la température extérieure atteint – 13°, elle arrête toute activité jusqu’à 10 jours consécutifs.
L’Hermine est un « prédateur spécialiste »* de la chasse des micro-rongeurs. Son alimentation est constituée à 90% de Campagnols terrestres en plaine et de Campagnols des neiges en montagne. Elle se déplace très rapidement dans tous les terriers disponibles dans son secteur. Ses besoins énergétiques font qu’elle doit ingérer chaque jour plus de la moitié de son poids. Si les Campagnols viennent à manquer, elle se rabat alors sur des passereaux, des gallinules et leurs œufs, mais aussi lapins, lièvres, lézards, grenouilles, poissons, vers de terre, insectes et même des fruits.
La mise à mort des proies est très rapide. L’Hermine l’attaque par l’arrière au niveau des cervicales d’une morsure qui sectionne la carotide. La proie se vide alors de son sang, ce qui autrefois lui a valu le surnom de « vampire ».
Pourtant, l’Hermine ne consomme pas le sang des proies. Elle ne se nourrit que de leur viande. Il peut arriver que l’excitation soit telle au moment de l’attaque que l’Hermine s’en trouve paralysée plusieurs minutes avant de pouvoir à nouveau ouvrir la mâchoire. Dans ce cas, elle est très vulnérable car elle ne peut pas prendre la fuite.
Ce petit animal au corps tout en longueur (spécialisé pour entrer dans les terriers de campagnols) qui ne pèse pas plus de 320 g pour les plus gros et mesure de 21 à 37 cm de long pour la tête et le corps, auxquels il faut ajouter 7 à 13 cm pour la queue, est capable de chasser et de transporter des proies plus grosses et plus lourdes que lui. Il ne surconsomme pas, mais stocke ses proies dans des gîtes disséminés sur son territoire.
Très agile, l’Hermine grimpe aux arbres, nage se déplace rapidement par sauts successifs et n’est pas avare d’acrobaties.
Crédit photo : Franck Lesueur
Le pelage des individus qui vivent en montagne fait l’objet de deux mues au cours de l’année. La mue automnale lui donne un pelage blanc où seul le bout de la queue reste noir. La mue printanière quant à elle, commence vers mi-mars juste avant la saison des amours, l’hermine se pare alors, en quelques jours, d’une fourrure brune moins épaisse que celle d’hiver. Elle ressemble alors beaucoup à sa cousine la Belette. Pour les distinguer, il faut regarder le bout de la queue : celui de l’Hermine reste noir en toutes saisons.
Pelage printanier – Crédit photo : Guy Mallet
Le rut se produit fin août alors que la femelle est en pleine lactation. Le mâle est polygame et les saillies ont lieu peu de temps après la naissance d’une portée. La femelle peut être fécondée par plusieurs mâles, les petits sont alors de plusieurs pères. Une fois la femelle fécondée, la gestation est interrompue pendant plusieurs mois pour reprendre 4 semaines avant les naissances du printemps.
Le nombre de naissances varie de 2 à 18 petits (en moyenne 8 à 9) en avril- mai, même si des mises bas peuvent avoir lieu plus tardivement. Le nombre de petits est dépendant des ressources alimentaires. La naissance a souvent lieu dans un nid placé directement dans une galerie de Campagnol, sommairement tapissé de feuilles, d’herbe sèches et des poils de proies.
La femelle assure seule l’élevage des petits jusqu’à ce qu’ils aient 3 mois. Elle les défend farouchement contre tous prédateurs. Les petits pèsent 2 à 3 grammes et mesurent 5 cm à la naissance. Ils naissent nus et aveugles et n’ouvrent les yeux que vers l’âge de 5 semaines. A 1 mois, ils commencent à consommer de la viande et la première sortie du nid a lieu alors qu’ils sont âgés de 7 à 8 semaines. A 2 mois, ils commencent à chasser. Le sevrage à lieu entre la 7ème et la 12ème semaine.
Les jeunes femelles dont la croissance se termine vers l’âge de 6 mois (Les femelles sont fécondes à partir de l’âge de 1mois1/2 ; Les mâles à partir de 10 ou 11 mois) s’installent à proximité du territoire de leur mère tandis que les mâles moins précoces (maturité vers 1 an environ) s’éloignent parfois très loin de leur territoire de naissance à la recherche d’une femelle.
L’Hermine est une espèce protégée, en liste rouge.
Texte à 4 mains : Franck Lesueur et Pascale Hervieu
Photos par ordre d’apparition sur mon disque dur : Franck Lesueur, Antony Garcia, Marcel Terroy, Guy Mallet, Olivier Guder
Références bibliographiques :
La Hulotte (Revue la plus lue dans les terriers) N° 19, 24, 25, 33-34, 41, 54
Références sitographiques :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hermine
https://www.jaitoutcompris.com/animaux/l-hermine-121.php