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  • en réponse à : Voeux #22838
    Philippe de Mauroy
    Participant

      Bonsoir,
      Je me joins aux vœux exposés, à commencer par la vidéo somptueuse de Marie-Thérèse et Serge.

      Et, ne vous ayant pas outrageusement abreuvés de communication ces derniers temps, je vous propose les miens sous une forme un peu développée.

      La plus belle photo….

      Celle, que je n’ai pas faite

      Parmi les échanges d’histoires vécues entre photographes de nature, il est des catégories qui reviennent souvent. L’une ces catégories phares reste, de façon surprenante « celles que l’on a loupé », et qu’on raconte en riant, avec parfois un zeste d’émotion et surtout un maximum de détails de tous ordres parce que, une belle histoire, ça reste en structure Pagnol, modèle photo : un tiers d’histoire (avec un maximum de données techniques), un tiers de complicité à créer, un tiers d’émotion, un tiers de rire ( à compléter avec une bonne mousse, parce qu’il ne faut pas risque de manquer ).

      Pour trois raisons, je vous propose aujourd’hui, en forme de Vœux, non pas une photo mais l’histoire d’une photo ratée, et qui me reste en tête, encore aujourd’hui, comme un excellent moment.

      La première raison, c’est que je n’ai pas repris le 500 depuis le déménagement…
      La deuxième, c’est qu’après 2020… Un ratage qui laisse un bon souvenir, ça ne se rate pas.

      La troisième raison, que, ce jour-là, ce n’est pas une occasion que j’ai manquée, c’est deux…

      Une histoire de photo, sans photo, il faut donc délayer un peu 😊, parce que, la mousse, ça se déguste…

      Nous sommes en octobre 2018, nous habitons alors Rambouillet et allons déménager vers l’Isère. Entre cartons, rangements et démontages, je me ménage quelques séances photos, dans ces territoires que je vais quitter.
      La période est celle du brame et, j’ai récemment découvert un nouveau terrain de jeu quasiment parfait, grâce à un ami que je remercie encore ici.
      C’est en Yvelines, avec les délires d’affluences que l’on constate depuis quelques années. L’accès implique une discrétion absolue. Je dispose des autorisations nécessaires, je dois néanmoins ne pas attirer l’attention de curieux ou photographes indélicats. Il est également indispensable de ne pas perturber la faune.

      J’ai donc, avec mon ami, puis seul, repéré et répété plusieurs fois l’ensemble de l’approche et de l’installation, de nuit et quasiment sans éclairage. Environ 1,5km à pied depuis la voiture, entièrement dans une forêt dense et globalement peu entretenue pour cette région.
      Objectif : être en place, installé et camouflé à l’aube, une grosse heure avant que le soleil se lève, donc impérativement avant 6h30.

      En clair, pas de risque à prendre, les impondérables envisageables sont nombreux, j’aurais peu d’occasions : donc sortie de la voiture vers 5h10 maximum, une demi-heure d’approche, quasiment sans éclairer, un quart d’heure pour les dernières dizaines de mètre accroupi et l’installation : assis sur siège au raz du sol, sous filet et boitier/objectif sur trépied, permettant de passer au moins les 3 heures suivants sans avoir à bouger, un gros quart d’heure pour gérer les aléas sans impact sur l’heure limite.

      Investissement préalable en repérages, répétitions, préparation de l’environnement pour nettoyer tout ce qui pourrait faire du bruit sans mettre en évidence qu’il y a eu préparation : une vingtaine d’heures, en tenant compte du fait que j’arrive en terrain déjà largement repéré et préparé. Bref, jusque-là, rien que d’habituel dans ce domaine.

      La veille, la météo annonce une matinée à venir « Rêve de photographe » ; froid sec, beau temps, brume raisonnable, vent nul à très faible, régulier et bien orienté.
      Les feuillages ont pris les couleurs qui vont bien.
      On est en semaine, il y a un poil d’hystérie en moins en fréquentation envisageable.

      Il n’y a plus qu’à…
      C’est long ? Bon, bon… J’enchaine 😉

      La première partie se déroule normalement ; je tiens mon itinéraire : quelques petites surprises mais pas de malheur en approche ; pas de rencontre inopportune ; à la mise en place, les objets ont fait l’effort de rester où je les avais mis et je n’en lâche aucun. Il est 6h10. Les dernières minutes ont été plus lumineuses que prévu, la lune a du laissé quelques lambeaux de lumière sur les arbres avant de se coucher et cette lumière qui vient s’annonce idéale.

      Je suis installé derrière un affût de modèle personnel, qui permet au photographe de remuer un peu, d’utiliser les jumelles et de changer, raisonnablement, d’angles de visée avec le 500 sans faire trembler le filet.
      La vie est belle, il y a des moments comme çà, où rien ne peut arriver…

      Les couleurs commencent à se mettre en place, comme prévu, les filets de brume au-dessus du sol sont là pour une paire d’heure ; les rouges et les ors vont bientôt s’illuminer là où il faut et les arrière-plans sombres renforceront ce qu’il faut d’un peu de mystère.
      Les ombres qui commencent à filer sont régulières : un daguet, une chevrette et son jeune…

      Et cette ombre qui se défile brièvement sur la droite ! C’est large et puissant, il est seul mais il y a une belle puissance, je ne distingue pas combien il porte mais il y a là un grand 10.

      L’ensemble ne permet pas de vraies photos mais je commence à jouer sur les réglages et à faire des essais, quelques minutes et il y aura ce qu’il faut.

      Et d’ailleurs, ça bouge, juste là, à droite, furtivement, mais ça bouge !
      La lumière arrive maintenant. C’est parti.

      Et ce qui bougeait à droite… sort et pour passer devant moi, tout prêt, et c’est un renard ! J’ai très peu de photos de renard et aucune qui présente de l’intérêt. Belle idée que de passer ainsi combler ce manque !

      Il avance derrière quelques branches mortes et il va passer juste devant moi, là où il n’y aura plus d’herbes.

      Je le suis avec le 500, la mise au point ne se fait pas bien que je sois sur la distance mini !
      Les branches perturbent trop, certainement. Sur ce modèle ancien d’objectif, le sujet doit être au moins à 4 mètres 50. Il ne va pas venir trop près, quand même ?
      Et bien, si !

      Il est maintenant juste devant moi, plus de branches, pas d’herbe, la lumière est faible mais chaude et douce.
      Il s’assied et regarde vers moi, intrigué mais pas inquiet. Il est à 4m, un peu plus, il n’en manque pas beaucoup, il finira par reprendre sa route et s’éloigner un peu. Et il repart, VERS MOI, en trottant, tranquille comme pas possible, passe à 2 mètres…
      Et s’en va vivre sa vie de renard 😊
      Avec un peu de chance, il trotte toujours… Et en rit encore 😊.

      J’en suis encore à hésiter entre l’incrédulité de ce qui vient de ne pas se passer et l’amusement en imaginant la scène vue à distance (et encore, je m’épargne les pires visions, car derrière le filet, les expressions par lesquelles j’ai dû passer sont certainement restées un peu floues 😉)

      Le festival continue, ça commence à brâmer, pas bien loin apparemment. Devant moi, d’abord, rien de convaincu mais ça monte un peu. Et ça répond, derrière, nettement plus ferme. Quelques minutes qui enchaînent bien, J’ai rarement entendu ce type d’échange au petit matin.

      Ça bouge, cette fois-ci, confus mais actif devant, c’est mon copain bien coiffé, le grand 10, que je distingue mal mais qui est seul, qui bouge et s’exprime, puis d’un coup monte au créneau, passe vers ma droite, parmi un fouillis de baliveaux, dans un beau raffut ! ça remue beaucoup sur quelques minutes, et puis ça tape, pour de bon !

      Aucune ambiguïté, c’est le combat ! Et, pour aléatoire que soient les estimations de distance à l’oreille, ce n’est pas loin du tout.
      Je ne peux m’empêcher d’imaginer me déplacer, ne serait-ce que pour observer mais l’environnement est chargé, je ne suis pas vraiment mobile. Et puis, le sujet est manifestement vite réglé. … Un dernier choc des bois et c’est fini, un souffle de vent fétide confirme que je n’étais pas bien loin des protagonistes… ET JE N’AI RIEN VU, sans même parler de photo. 😊

      Ce n’est pas la première expérience de ce type que je vis, mais bon, ce matin-là, un peu de bonne volonté, c’est pas si compliqué, quand même ! 😊

      La lumière évolue beaucoup, reste modérée mais somptueuse.
      Allez, il me reste une heure de cette ambiance, un moineau finira bien par venir se poser devant moi 😊
      A moins que je ne remplace le 500 par le smartphone, pour capter au moins l’ambiance. Je le prépare même, on ne sait jamais, quand ça veut pas comme il faut, on essaie autrement.Après cette séance, je ferme la photo pour quelques mois. Je suis conscient qu’il n’y aura pas forcément d’autre occasion ce jour, mais la lumière est magique, je suis installé et le café est prêt, je clos mentalement la photo et passe en mode profite et savoure, la matinée restera un beau souvenir.

      Puisque le scénario reste en mode « paysage et ambiance », je profite du café, le froid va devenir mordant avec le lever du jour, c’est le moment de garder les doigts au chaud.
      L’ambiance est féérique, j’ai passé quelques aurores à m’en mettre plein les yeux et c’est chaque fois le même émerveillement : le jour n’est pas levé mais les vagues de lumière incidente jouent avec les restes de nuit et les lambeaux de brume ; la lumière et les ombres viennent de partout, et de nulle part ; les feuillages, que je sais être rouge et or, ressortent en ocres profonds ou clairs.

      Quand le pépère de tout à l’heure ressort, je ne suis pas vraiment surpris, il me faut même quelques secondes pour me dire que j’ai peut-être là une occasion de ne pas rater une occasion de plus, de remettre les mains sur le boitier, de réfléchir à mes réglages pendant que le mug de café se renverse sur les cuisses (et il est encore chaud, lui…), et de retrouver le déclencheur souple (ben oui, quand on tremble, on se gère 😉)

      Et pépère s’en va ; il est arrivé seul et en forme, il repart seul et le port est moins fier.

      Ce n’était pas son moment. C’est maintenant le mien, ma matinée est accomplie…

       

      Quelques minutes après, c’est un 10 qui passe quelques minutes à poser pour moi, une allure un peu déconcertante, peut-être un 10 perpétuel.

      Il semble décontenancé, comme cherchant où ils sont tous passés. Me laisse quelques occasions, puis retourne d’où il est venu.

      Le jour se lève maintenant. Les couleurs explosent quelques minutes, avant de s’aplatir bientôt.

      La lumière est plus franche et va redevenir un éclairage, les acteurs vont retrouver les loges. Le photographe redeviendra déménageur 😉

      Deux photos qui demeurent, d’autres qui auraient pu être là.

      Une photo manquée n’est qu’une occasion à se recréer.
      Ça reste une histoire de photo de nature, en structure Pagnol, un tiers d’histoire, un tiers qui aurait pu être une histoire, un tiers d’émotion, un tiers de sourire, quelques tiers de photo…

      Et si vous croyez que, même pour Pagnol, ça fait quand même beaucoup de tiers…
      Demandez-vous pourquoi nous y retournons 😊

      A toutes et tous, je vous souhaite la meilleure année 2021

       

      en réponse à : CONCOURS ANNUEL 2020 #18109
      Philippe de Mauroy
      Participant

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        en réponse à : Les plus belles photos de l'année #15462
        Philippe de Mauroy
        Participant

          Félicitations à tous les trois :good:

          en réponse à : Joyeux Noël ! #15251
          Philippe de Mauroy
          Participant

            Joyeux Noël

            en réponse à : BLOG ASCPF #14497
            Philippe de Mauroy
            Participant

              Bonjour Valérie,

              Très bon reportage, avec des photos de qualité illustrant un texte vivant et très riche en informations.

              Merci beaucoup à André, ainsi qu’à toi pour cette activité régulière ; que ce soit sur le blog, sur les bulletins ou sur d’autres aspects aussi discrets qu’utiles.

              :good: :good:   :good:

              en réponse à : 2019 – Thème n°6 : mammifère d'Europe CLOTURE #13872
              Philippe de Mauroy
              Participant

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                en réponse à : 4 ème festival SPOT-NATURE #13647
                Philippe de Mauroy
                Participant

                  Et bien…

                  Voilà une programmation bien alléchante 😎Un peu loin de mes Terres Froides actuelles 🤨

                  Mais l’ensemble fait envie, félicitations aux 4 membres de l’ASCPF qui y participent 👍

                  en réponse à : Un p'tit air Royal…. #13148
                  Philippe de Mauroy
                  Participant

                    Bonjour Philippe,

                    Le gîte et la compagnie sont à haut niveau (à double sens, d’ailleurs) et les photos sont du même ordre, :good:

                    en réponse à : Faune de nos campagnes #12472
                    Philippe de Mauroy
                    Participant

                      Bonsoir Valérie,

                      Deux belles photos, très bien réalisées. On croirait l’entendre chanter.

                      Et bravo de continuer ainsi, malgré ces difficultés.

                      en réponse à : 2019 – Thème n°3 : couleurs chaudes CLOTURE #12455
                      Philippe de Mauroy
                      Participant

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