Texte et photographies : Arnaud Grizard
Photographier les champignons
Grand amateur de macrophotographie en général et de photo de champignon en particulier, je vous propose ici un petit article qui, je l’espère, vous poussera à vous allonger sur le sol humide des sous-bois pour immortaliser sur votre carte mémoire les formes et les couleurs des champignons.
Avec des formes et des couleurs aussi diverses que variées, les champignons représentent des sujets de choix pour les photographes de nature. Et s’il est possible de trouver et photographier les champignons tout au long de l’année, l’automne est quand même la saison privilégiée pour les amateurs d’images mycologiques. Voici ici quelques conseils.
Avant toute chose, il existe un principe de base quasiment incontournable pour la photo de champignon, c’est d’ailleurs un principe que l’on retrouve dans beaucoup de domaines de photo nature : Il faut se mettre à hauteur de son sujet … Pas facile quand on sait que la plupart des champignons poussent au sol ou tout du moins près du sol.
Une fois que vous aurez accepté ce principe et que vous vous serez habillé en circonstance, vous allez pouvoir vous attaquer à ce sujet qui nous préoccupe.
Il n’est pas bien difficile de trouver des champignons, une petite ballade en forêt ou aux abords d’un pré vous permettra de repérer de nombreux individus de variétés souvent différentes. Par contre il vous faudra sans doute plus de patience pour trouver l’exemplaire qui donnera une belle photo. En effet, les champignons sont très appréciés, par les cueilleurs bien sur, mais aussi par les limaces et autres animaux mycophages. Aussi, si vous ne voulez pas tomber sur des champignons grignotés de tous les côtés, il vous faudra être réactifs et prospecter le secteur choisi sitôt après une bonne période pluvieuse et pas trop froide, juste quand les champignons sortent de terre.
Il existe de multiples façons de traiter les champignons photographiquement parlant.
Tout d’abord, voyons comment aborder les champignons qui poussent en touffes compactes (comme c’est le cas des tricholomes par exemple). Avec ce type de champignons, vous allez pouvoir jouer sur l’effet de groupe et utiliser une focale assez longue (comme un 300m f4 par exemple) qui aura pour avantage de tasser les perspectives et donner plus de « corps » à votre sujet, de lui donner une certaine unité. Vous aurez aussi la possibilité d’utiliser un objectif macro qui vous donnera la possibilité de faire ressortir tel ou tel détail, d’isoler l’un des champignons par rapport aux autres tout en bénéficiant de l’effet répétitif des formes et des matières.
Les champignons isolés (comme les bolets ou les amanites) ne ressortent pas tout à fait de la même approche photographique. Devant de tels spécimens, tout l’art du photographe consistera à mettre en valeur le sujet soit en l’intégrant dans son environnement pourvu que celui-ci s’y prête, soit en cadrant pour un portrait plus serré (dans les 2 cas, attention alors aux avants plans et arrières plans qui prennent ici toute leur importance).
Dans le premier cas de figure, on optera pour un objectif de type grand-angle et on choisira une petite ouverture en fermant le diaphragme afin d’avoir une profondeur de champs plus étendue. Le champignon occupera le
premier plan et l’environnement sera bien visible au second plan.
Dans le deuxième cas, l’utilisation d’un objectif macro est plus recommandée et l’ouverture choisie variera en fonction de ce que vous voulez faire ressortit. Dans ce type de configuration l’avant plan joue un rôle important par le flou qu’il apporte à la photo.
On peut également jouer de la contre-plongée et profiter des “dessous” des champignons : lamelles, picots, alvéoles, tout est bon à photographier. Cette approche photographique n’est pas des plus faciles car cadrer en
contre-plongée sur un sujet qui se trouve déjà à quelques centimètres du sol implique des cervicales à toute épreuve. Dans cette éventualité, les appareils reflex dotés d’un écran orientable possèdent un net avantage. A défaut, l’utilisation d’un viseur d’angle est fortement recommandée.
D’une manière plus générale, vous pourrez aussi jouer avec la lumière et les contre-jours. Ainsi en cadrant assez bas en légère contre-plongée et en ouvrant le diaphragme, vous pourrez obtenir des cercles de lumières
intéressants sur vos photos.
Vous pourrez aussi vous placer en plein contre-jour et jouer sur les effets de clair-obscur caractéristiques des ambiances de sous-bois.
Matériel :
- Pour la photo de champignons vous pouvez utiliser une grande variété d’objectifs : le grand-angle pour replacer le champignon dans son environnement, l’objectif macro pour mettre en valeur un détail particulier ou encore une longue focale pour jouer sur les perspectives et les avants et arrières plans,
- Un boitier supportant les montées vers les hautes sensibilités est fortement conseillé car les champignons ont la fâcheuse tendance à pousser plutôt dans les zones ombragées, si ce n’est en sous-bois,
- De la même manière, le trépied peu aussi vous apporter une grande aide,
- Si le manque de lumière se fait malgré tout encore sentir, vous pouvez utiliser un flash d’appoint (plutôt un flash de type cobra dont vous aurez au préalable diminué la puissance et que vous aurez muni d’un diffuseur),
- Télécommande, réflecteur, viseur d’angle … autant d’accessoires qui vous seront bien utiles et permettront à votre créativité de s’affranchir de bien des obstacles.
Points d’attention particuliers :
- Le manque de lumière qui peut induire un temps de pose plus long : stabilité (trépied et télécommande), montée dans les isos et/ou lumière d’appoint peuvent remédier à cela,
- Le traitement du bruit numérique doit donc être surveillé de près (traitement des hautes sensibilités),
- Le choix de l’ouverture, de laquelle dépendra grandement le rendu final de l’image,
- L’exposition (zones d’ombres et zones de lumière des sous-bois), selon le rendu désiré, on optera donc pour la mesure spot plutôt que pondérée,
- Les reflets indésirables (attention à l’utilisation d’une lumière d’appoint ou aux éclairages directs),
- L’arrière plan et les éléments disgracieux ou tout du moins perturbateurs,
- L’état du champignon,
- Le graphisme …
Quelques références bibliographiques :
- « Guide des champignons de France et d’Europe » de Régis Courtecuisse et Bernard Duhem chez Delachaux & Niestlé
- « Larousse des champignons » de Guy Redeuilh, Guillaume Eyssartier, Isabelle Masson-Deblaize et Philippe Joly
- « Les champignons : Bien débuter en mycologie » de Pierre-Arthur Moreau et Dom Compare chez Glénat