La composition de l’image

Texte et photographies : Fabrice et Laurent Desage

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Quand l’oiseau est trop petit dans le viseur, faut-il laisser tomber ?

Cette question nous a tous traversé l’esprit à un moment, et encore plus à l’époque de l’argentique, où on savait que ça n’apporterait pas grand-chose de photographier une « mouche », qui serait à peine apparente sur la diapo…
Avec le numérique, les choses doivent bien sûr être considérées différemment, dans la mesure où il n’y a plus vraiment de gaspillage de pellicule. Bien entendu, la notion de sujet « petit dans le cadre » est relative. Nous avons vu que photographier un petit point noir dans le viseur n’apportait rien.
En particulier, lorsqu’un oiseau est petit dans le viseur, et sur fond de ciel, le résultat ne vaudra pas grand-chose…On le réservera plutôt pour les cas où on est survolé par une espèce rare, qui justifie, et même impose un souvenir, voire une preuve… !
Mais cependant, il est tout à fait envisageable de photographier un sujet « petit dans le cadre » dans certaines situations, et notamment, lorsque le sujets est sur fond de végétation, ou d’environnement coloré. Non seulement l’oiseau sera dans un cadre plus harmonieux que le ciel, mais en plus il nous informera peut être sur le type de milieux que fréquente l’espèce.
Photographier un rapace sur fond de végétation en vol, a nettement plus de cachet que sur fond de ciel (même si, malheureusement, bien souvent, on n’a pas le choix…)
Et le cas échéant, en considérant toujours que l’oiseau est petit dans le viseur, des difficultés viendront se mettre en travers de votre chemin…
L’oiseau est petit, le décor est grand…Pour les collimateurs, ça ne va pas être facile…
La solution est d’opter pour le collimateur central, le plus sensible comme on sait tous, qu’on tentera de laisser sur la petite cible qui se promène dans notre viseur… !!
Pour le coup, comme le sujet est assez loin et petit, on n’a pas trop de mal pour une fois, à le trouver dans le viseur dès qu’on le braque, mais voilà que le plus dur est de rester « calés » sur le sujet, qui virevolte, et sort facilement du petit « carré » rouge au centre de votre viseur !!
Et là, il y a de bonnes chances pour que le collimateur se cale sur le fond, ou pas parfaitement sur l’oiseau…Il y a de quoi « Péter un câble » par moment… !!
Multiplier les tentatives permet en général de sortir quelques images, au milieu de beaucoup de déchets, cause MAP pas parfaitement calée sur l’oiseau…

Et la composition ?

Quand le sujet est petit dans l’image, il est important de bien travailler sur sa composition.
Dans la mesure où on a travaillé avec le collimateur central, il y a de bonnes que le sujet soit un peu trop centré. La solution est d’utiliser l’outil de recadrage, modérément, le but n’étant pas de grossir l’oiseau, mais de le placer harmonieusement dans le viseur.
Il n’est pas toujours nécessaire d’y rechercher une symétrie parfaite, mais au contraire, chacun écoutera sa créativité , ou ses convictions pour décider de l’emplacement qu’aura l’oiseau sur la photo finale.
Ce choix peut se faire en fonction, de la position des ailes par exemple, un oiseau qui a les ailes vers le bas au moment de la photo pourra être placé un peu plus haut dans l’image, pour illustrer que ce mouvement d’aile fait « monter » l’oiseau.
On pourra également se fier aux couleurs de l’environnement, pour privilégier un élément plutôt qu’un autre, par exemple lorsqu’il y a des formes graphiques dans l’environnement ( vagues, champs de différentes couleurs, prés, etc…).
Quelques photos pour illustrer le propos…

Buse pattue (Niveau de difficulté 1)

Buse pattue (Niveau de difficulté 1)
Canon 7D, 500+1,4, f/6.3, 1/1000e , 800 isos, AF spot ( un point minuscule au centre du collimateur central, pour une MAP plus précise).
Composition privilégiant les lignes de l’environnement plutôt que le ciel.

Busard Saint-Martin (Niveau de difficulté 1)
Canon 7D, 500+1.4, f/ 5.6, 1/1000e, 800 isos, AF spot.
Composition privilégiant le milieu, même si, sur cette image, l’oiseau est de taille raisonnable.

Busard Saint-Martin (Niveau de difficulté 1)
Hibou des marais (Niveau de difficulté 2)

Hibou des marais (Niveau de difficulté 2)
Canon 40D, 500mm, f/4.5, 1/1600e, 640 isos, collimateur central.
Sur cette photo, le plan large permet de conserver ambiance un peu brumeuse et environnement de l’espèce.

Océanite tempête (Niveau de difficulté 4)
Canon 7D, 500mm, f/6.3, 1/2500e, 500 isos, zone a 9 collimateurs.
Un des oiseaux les plus difficiles a photographier en vol !!
Petite taille, rapidité, vagues passant devant le sujet a tout moment…De quoi s’arracher les cheveux… !!
Ce jour la, la vague a dessiné une belle ligne dans le viseur, et, a compensé la petitesse du sujet.

Océanite tempête (Niveau de difficulté 4)
Goéland railleur (Niveau de difficulté 1)

Goéland railleur (Niveau de difficulté 1)
Canon 7D, 500+1.4, f/5.6, 1/2500, 800 isos, expo -1/3, zone a 9 collimateur.
Image privilégiant l’eau trés lisse et la lumière qui la densifie.

Se rappeler donc qu’un sujet un peu petit dans le viseur n’est pas rédhibitoire, loin s’en faut.
Il n’y a pas que les gros plans qui prévalent, pour les oiseaux en vol.
Une fois les difficultés techniques contournées ou maitrisées, il y a même une très belle carte à jouer, si l’environnement et l’oiseau s’harmonisent suffisamment, ce qui n’est, malheureusement pas toujours le cas…