Texte et photographies : Fabrice et Laurent Desage
Photographies d’oiseaux de difficulté 2
Le pigeon bizet, sous son côté « domestique », n’en reste pas moins un oiseau au vol rapide. de taille moyenne, la cible n’est pas toujours évidente au début. L’oiseau a cependant un vol à la trajectoire assez constante, même si parfois, il est capable de redoutable changements de direction ! Pour cette photo, une focale aussi élevée n’était pas indispensable, bien sur, mais nous attendions en fait un faucon pèlerin, qui lui, passait nettement plus loin de nous…
Dés que nous avons l’occasion de braquer un oiseau pour se faire la main, en général on ne se gène pas…
L’ouverture f/6.3 permet d’améliorer un peu la couverture d’image, et la vitesse d’obturation reste élevée, à 1/4000e.
La sensibilité de 800 isos nous convient bien pour de nombreuses photos, qui permettront et de fermer le diaph un peu, et de garder de la vitesse…
La zone des 9 collimateurs, comme nous l’avons déjà évoqué, est le paramétrage que nous utilisons le plus souvent. Sur ciel bleu, son efficacité est très bonne, avec une bonne réactivité, couplée à une relative largeur de zone.
La sensibilité du suivi AI SERVO, est sur une valeur lente, pour un suivi plus constant, avec moins de risques de décalages de la MAP.
Là encore, on est en présence d’une espèce au vol raide et à la trajectoire constante, présentant des similarités avec les pigeons. La taille plus importante du colvert, et son vol un peu plus lent, rendent cependant le suivi un peu plus facile que celui d’un pigeon.
Pour cette photo, le canard passe assez près de nous.
la lumière n’est pas généreuse , et on opte pour la pleine ouverture, f/4, qui permet d’accrocher juste un 1/1000e à 500 isos.
Bien sûr, il était possible de monter un peu la vitesse. mais le matin où cette photo a été faite, nous venions d’avoir le boitier 7D, et nous étions en test.
Nous avons d’ailleurs, ce même matin, testé les différents choix de collimateurs. Et c’est le collimateur central avec extension (4 petits collimateurs entoure le collimateur central choisi, pour aider à l’accroche du sujet) et nous avons assez apprécié ce mode, que nous utilisons aussi de temps en temps, sur des sujets assez gros. Nous sommes en revanche peu convaincus lorsque le sujet est un peu petit dans le viseur, et sur fond de végétation…
Néanmoins, ce mode collimateur + extension reste digne d’intérêt, et à considérer en fonction des situations.
Que ce soit le canard ou le pigeon, on reste en présence d’oiseaux qui vous permettront de vous préparer à la rencontre avec de nombreuses autres espèces. Entrainez vous sur leur vol « lancé » et guettez aussi les moments où ces oiseaux vont voler moins vite, notamment virages, amerrissages, atterrissages, envols…
Dans ces cas là, vous vous retrouvez avec des sujets Niveaux 2 plus abordables…
Et ils sont souvent plus beaux qu’en vol lancé, où leur corps apparait plus fin. Dans ces attitudes d’envols ou d’atterrissages, les plumes des ailes et de la queue sont plus étalées, les pattes parfois pendantes. Tout cela contribue à rendre votre sujet encore plus beau…
Remarque : Si vous photographiez l’oiseau en vol avec le collimateur central, il sera nécessaire de le recadrer pour le décentrer. La aussi, prenez le temps en post-traitement de peaufiner le cadrage, que vous n’aurez pas toujours parfaitement ajusté sur des sujets rapides.
Le recadrage, n’est ni interdit, ni tabou, et il participera à dynamiser vos photos.
Mais il doit rester léger, sous peine d’une perte de qualité importante.
Personne, ni aucun logiciel ne transformera un petit point noir dans le ciel, en superbe gros plan à afficher dans le mur du salon…
Donc le but reste bien d’aller au plus près, pour ensuite pouvoir se limiter à un recadrage léger, qui conservera toute la qualité de la photo…
les faucons :
Ces rapaces de petite taille présentent un vol rapide et assez direct, tant que les oiseaux ne poursuivent pas une proie.
Les faucons en vol battu à courte distance du photographe restent des cibles difficiles, qui justifient leur placement en niveau de difficulté 2.
Ces 3 photos ont été faites avec un boitier Canon 40D, prouvant ainsi que les boitiers milieu de gamme peuvent suffire pour s’attaquer aux espèces de niveau 1 et 2.
Sur ce boitier, nous essayons dans la mesure du possible de rester à 320 ou 400 isos.
Nous utilisons la plupart du temps le collimateur central, puisque sur ce boitier, l’ensemble des collimateurs enlève pas mal de réactivité à l’autofocus. Sur fond de ciel, avec un oiseau pas trop rapide, et en gros plan dans le viseur, on peut cependant obtenir de bons résultats.
Bien sûr, certaines espèces de faucons pratiquant le vol sur place (faucon crécerelle, crécerelette, kobez) deviennent des cibles nettement plus faciles, quand on est à portée. C’est le moment de rapporter des photos d’une espèce de niveau 2, avec la facilité d’un niveau 1…!
Sur fond de ciel, ces oiseaux restent plus faciles à accrocher pour l’autofocus. Sur fond de végétation, ou d’architecture, les choses peuvent se compliquer.
Pour les photos de faucons crécerellettes ci-dessous, on est dans un cas d’oiseau sur fond de paysage, donc plus difficile pour l’autofocus.
Pour la photo du premier crécerellette, la vitesse était plutôt basse pour être à main levée (1/400e) et pour figer le mouvement. Le fait que l’oiseau plane lentement a sauvé la situation, à une heure où la lumière n’était pas très généreuse…Le collimateur central avec assistance des 4 petits collimateurs, autour, a permis de bien se caler sur l’oiseau, et non sur le fond.
Pour la photo suivante, un peu plus de lumière mais une vitesse de 1/1000e qui reste assez basse, avec un oiseau qui vole à l’ombre.
L’oiseau volait très près du toit , et il y avait donc un risque que l’autofocus accroche les toits. Une valeur rapide de sensibilité AF (+2) permettait de vite se recaler sur le sujet en cas d’erreur de l’autofocus. Voila ce qu’on pouvait dire sur ces faucons.
Le cormoran huppé, de taille inférieure au grand cormoran, présente un vol plus rapide que ce dernier, et justifie son classement en niveau 2.
cette photo a été réalisée depuis le bateau lors de la sortie ASCPF aux sept Iles, l’année dernière.
Sur fond d’eau, et avec un plumage noir, les risques de ratés existants sont possibles. Pour une meilleure accroche de l’autofocus, il est donc préférable, dans ce cas de figure, de favoriser des plans assez serrés, pour que des détails du plumages soient suffisamment distinctifs.
Des sujets entièrement noirs et petits dans la cadre, ne bénéficient pas toujours d’une bonne accroche, ce qui se comprend bien, quand on ne voit pas de détail, ou pas de relief…
Ce cormoran huppé est arrivé brutalement dans mon dos, et il a donc fallu faire très vite pour le cadrer et déclencher. Mais lorsque on aperçoit l’oiseau d’assez loin, il est toujours préférable de ne pas trop attendre pour le cadrer.
Commencer à lever le matériel à 30-40 mètres, suivant la focale, et attendre que l’oiseau se rapproche dans le cadre.
Dans un premier temps, nous limitons en général les rafales, en ne prenant qu’une ou deux images.
Quand l’oiseau commence à occuper une bonne partie de la photo, et que l’autofocus « tient » clairement le sujet, on commence à multiplier les vues en rafales.
Le cormoran huppé, en général, n’exécute pas de crochets brusques ou imprévisibles, et il ne présente donc pas trop de difficultés, avec un peu d’entrainement.
Il peut être observé régulièrement dans les ports de pêche de la côte atlantique. Si vous en repérez un en train de pêcher, surveillez l’envol, qui en général, est assez lourd, et permet ainsi de photographier l’oiseau lors de son élan, plus facilement qu’en vol lancé.
Les labbes, toutes espèces confondues, ne sont pas toujours des sujets faciles. Il y a principalement deux solutions pour les rencontrer: Une sortie en pleine mer, ou un voyage dans les pays nordiques.
Dans les deux cas, ils seront en général assez faciles à approcher.
En pleine mer, ils suivent les bateaux, surtout quand les goélands sont là, et ils n’hésitent pas à s’approcher, s’il y a de la nourriture à chaparder. depuis un bateau, attention à la stabilité, principale difficulté à gérer. Une focale de 400 a 600 permet en général de ramener quelques images.
Dans les pays nordiques, les oiseaux peuvent s’approcher très près, et même se montrer agressifs envers les intrus. Des focales courtes pourront faire l’affaire.
En Écosse, vous pouvez rencontrer des labbes, mais vous serez obligés de vous adapter à la règlementation des réserves, et pas sur de pouvoir les approcher aussi près que vous le souhaiteriez. dans ce cas, une longue focale sera nécessaire.
Le suivi peut être assez facile par moment, mais vous noterez aussi que les labbes sont capables de redoutables crochets, notamment lorsqu’ils poursuivent d’autres oiseaux.
Pour une photo comme celle ci, ne choisissez pas une sensibilité de suivi AF trop rapide, pour que l’autofocus ne parte pas sur le fond, assez visible ici, mais montrant le milieu de l’oiseau.
Pour les autres paramétrages, pas grand chose de particulier à noter.
Labbe parasite (niveau de difficulté 2)
7D, 500mm, f/6.3, 1/2000e, 400 isos, zone AF 9 collimateurs.
La mouette pygmée est une des espèces de mouettes les plus difficiles à saisir, dans la mesure, où avec sa petite taille et son vol assez rapide, elle évoque les sternes et les guifettes.
Elle a été photographiée avec un matériel très basique, un boitier Canon 20D, et un zoom 100-400, un ensemble qui n’a pas la vélocité du matériel d’aujourd’hui.
On voit donc qu’un boitier basique n’empêche pas de réaliser des scènes rapides, pour peu qu’il y ait une bonne luminosité.
La scène saisie est si rapide, qu’on la perçoit très peu a l’œil nu.
Avec le zoom 100-400, nous n’utilisions jamais le stabilisateur sur les oiseaux en vol. Nous n’apprécions pas le mouvent de compensation qu’il produit, sur un objectif léger, cela est plus frappant que sur un objectif plus lourd.
Ici, la photo est faite lors d’une matinée de halte migratoire, pour près de 200 mouettes pygmées, sur le bassin d’une station d’épuration. Les occasions de mitrailler étaient très nombreuses, et les mouettes passaient souvent très près de nous, en nous ignorant.
Nous avons testé la configuration avec les collimateurs automatiques, sélectionnant donc l’ensemble des collimateurs (9 sur le 20D)
Comme le sujet se trouvait sur fond d’eau lisse comme un miroir, l’autofocus se calait assez bien sur le sujet, plutôt que sur l’eau, qui ne présentait pas de point d’accroche suffisant, et tant mieux.
La réactivité de l’autofocus, en prend un coup, avec l’ensemble des collimateurs sélectionnes, mais s’est avérée suffisante, pour un sujet pourtant rapide.
La sensibilité sélectionnée à 200 isos, est un peu basse pour un tel sujet, mais avec un 20D, le bruit commençait déjà à 400 isos…
Une sous exposition de -1/3 est quasi systématique, lorsque nous photographions des laridés sur fond d’eau.
Les canards :
Nous n’avons pas encore abordé la photographie des oiseaux en vol depuis un affut flottant. Les canards se prêtent en général bien à cet exercice. Il est très important de bien choisir le niveau d’eau qui va vous permettre de garder toute votre fluidité. L’idéal se situe en ayant l’eau au niveau de la ceinture, ou un peu au dessus. Cela vous permet de ne pas trop vous courber pour aller porter l’œil au viseur.
Le suivi est plus facile sans rotule, en calant l’objectif sur un coussin.
Mais pour notre part, nous sécurisons, en fixant le matériel sur rotule pour éviter ainsi les bains accidentels du matos, (dont on ne se remettrait jamais…)
Pour la photo du morillon, le suivi s’est fait sur un oiseau passant parallèlement à l’affût. Le suivi est fluide quand on a pu voir l’oiseau assez tôt. Le plus dur restera de bien garder l’oiseau dans le cadre, quand il est gros dans le viseur et que la focale est importante.
Plus facile à saisir, l’envol de ce fuligule milouin, puisque l’oiseau, en prenant son élan à l’envol, n’est pas encore trop rapide. Il est utile de repérer un oiseau s’apprêtant à s’envoler. Vous remarquerez que l’oiseau hoche la tête par saccades souvent, juste avant de s’élancer. Tenez vous prêt. Si c’est un canard plongeur, comme le sont le milouin et le morillon, il commencera par une course d’élan , qui est en plus très photogénique quand l’eau gicle sous ses coups de pattes.
La trajectoire sera assez horizontale pendant plusieurs dizaines de mètres.
Pour un canard de surface (colvert, sarcelles, pilet, siffleur, chipeau, souchet), l’envol sera fait d’un bond, sans élan, et la trajectoire sera plus oblique ou verticale, dés le départ.
Savoir si on à affaire à un canard de surface ou un canard plongeur, permet donc déjà d’anticiper la trajectoire qu’il va prendre à l’envol.
C’est très utile pour prévoir comment se positionner (jambe et bassin) pour un suivi fluide.
Ces conseils restent applicables pour des canards depuis un affut fixe et terrestre, en terme de prévision de trajectoire selon l’espèce.